La pandémie a signé un tournant majeur dans le monde professionnel, encourageant le télétravail, puis donnant naissance à un nouveau mode de travail : le travail hybride. C’est un modèle qui combine présence au bureau et télétravail. Il semble toutefois important de s’interroger sur la question de la sobriété énergétique face aux enjeux climatiques et économiques. Il est alors vital de s’interroger, cette nouvelle méthode que constitue le travail hybride constitue-t-elle une réponse efficace pour allier efficacité professionnelle et réduction de la consommation d’énergie ?
Télétravail et sobriété énergétique : un lien évident ?
Le télétravail s’invite naturellement dans de nombreux esprits comme une solution idéale pour encourager la sobriété énergétique. L’un des principaux arguments est la réduction des déplacements domicile-travail, qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. En limitant ses déplacements, il est possible d’agir sur la consommation de carburants fossiles, d’autant plus au sein de grandes agglomérations, où les trajets sont longs.
Par ailleurs, la consommation énergétique des bureaux est significative, avec l’usage du chauffage, de la climatisation, de l’éclairage et des équipements informatiques. En réduisant la présence physique des employés, les entreprises peuvent limiter drastiquement ces consommations. Par exemple, si un bâtiment est partiellement occupé certains jours, il est possible d’ajuster le chauffage ou la climatisation en conséquence.
En revanche, il ne faut pas prendre ces éléments pour acquis, et les envisager comme une solution à elle seule, puisque le télétravail conduit à une augmentation de la consommation énergétique des foyers. Le bénéfice est donc conditionné aux caractéristiques des bâtiments, et à leur efficacité énergétique.
Le travail hybride : un compromis qui fait sens ?
Le travail hybride induit des jours en entreprise, et des jours de télétravail, et est souvent représenté comme un compromis idéal. Cela permet aux entreprises de revoir à la baisse les superficies nécessaires, et donc les coûts et l’empreinte énergétique associée. Nombreux sont les employeurs qui ont repensé leurs espaces sur ce modèle et ont choisi des bureaux partagés, ou des espaces flexibles.
Par exemple, le prix du m² de bureau à Paris est particulièrement élevé. En adoptant un modèle hybride, les entreprises peuvent décider de réduire la taille de leurs locaux, produisant une économie substantielle. Cette réduction des espaces a un effet secondaire profitable : la diminution des consommations énergétiques.
Toutefois le travail hybride impose également des défis logistiques, pour que l’impact soit notable et optimal, la gestion des politiques doit être rigoureuse. En effet, maintenir un poste de travail individuel qui ne serait que partiellement occupé remet en cause la validité du modèle, et l’ampleur des économies réalisables.
Télétravail, technologie et consommation d’énergie
Le travail hybride nécessite l’utilisation massive des technologies de l’information, allant de plateformes de collaboration en ligne, aux équipements de visioconférence. De tels outils sont indispensables à une productivité optimale, mais requièrent des infrastructures numériques gourmandes en énergie.
Les serveurs qui stockent les données, et rendent possible les visioconférences ont une empreinte carbone conséquente. Intervient donc la question de la balance entre économies liées au système hybride et de la consommation de ressources numériques qu’il induit. Il est cependant possible d’agir sur ce sujet en sollicitant des centres de données éco-responsables et en optimisant les usages, et l’extinction d’équipements non utilisés.
Le travail hybride, le travail coordonné
Si le travail hybride peut contribuer à la sobriété énergétique, il faut une coordination de tous les acteurs : entreprises, salariés et autorités publiques. Les entreprises se doivent d’optimiser leurs locaux, les employés de moins consommer d’énergie à domicile, et les pouvoirs publics de proposer des infrastructures de transport et d’énergie en accord avec ces nouvelles pratiques.
Les politiques de flexibilité et de réduction des surfaces de bureaux doivent être en coordination avec des actions qui promeuvent les bonnes pratiques chez les employés. Il peut être pertinent d’envisager des formations sur la consommation énergétique ou des incitations à utiliser les équipements économes à domicile peuvent contribuer à maximiser les gains de sobriété.
Les coûts financiers générés par la location et l’accueil des populations peuvent être une motivation importante pour les entreprises qui souhaitent s’adapter au travail hybride. Toutefois, les bénéfices environnementaux dépendent d’une mise en œuvre réfléchie et optimisée. Il est donc crucial de continuer à innover et à adapter les infrastructures pour garantir que cette nouvelle organisation de travail soit pleinement bénéfique, sur le plan économique, environnemental et humain.